Tokio Hotel : "in" ou "out"? Interview - Le groupe allemand a-t-il encore la cote? C'est la
question que se pose TF1 News, alors que Tokio Hotel était en concert à
Bercy, mercredi. Deux experts répondent.
Le rédacteur en chef du magazine
Rock One suit le groupe
allemand
Tokio Hotel, depuis ses débuts en
France, en 2006. Il décrypte le phénomène avec
TF1 News.
TF1 News : Rock One est le magazine qui a fait
découvrir Tokio Hotel en France.
Comment votre attention a-t-elle été attirée sur ce groupe?
Pierre
Veillet, rédacteur en chef du magazine Rock One :
C'est les lecteurs qui nous ont fait découvrir
Tokio
Hotel, par le biais du courrier que j'épluche
consciencieusement. Leur premier album,
Schrei, est sorti en
Allemagne en 2005 et notre premier article date de juin 2006. A cette
époque, personne n'en parlait en France et
Tokio
Hotel est devenu le premier groupe emblématique du
magazine, dont le cœur de cible est les 14-18 ans. Leur deuxième album,
Zimmer
483 est sorti en 2007. Ce qui est particulier avec
Tokio Hotel, c'est que, à partir de ce
moment-là, ce groupe a intéressé deux générations, les 14-18 ans, mais
aussi les 8-13 ans. C'est un phénomène très rare.
TF1
News : Votre audience s'est-elle accrue significativement avec Tokio Hotel?
P.V. : Une couverture sur
Tokio Hotel représentait 30 à 40% de lecteurs en plus, à chaque fois, à cette
époque. Et cela ne s'est pas démenti, jusqu'en 2008, quand ils ont
commencé à ne plus remplir le
Parc des Princes, alors qu'en
2007, ils avaient fait deux fois
Bercy. Ce fut le premier coup
de frein qui annonçait des lendemains moins chantants, avec lequel les
gens ont commencé à se désintéresser d'eux en masse. Cela s'est vérifié
en octobre 2009.
TF1 News : Avec leur dernier album Humanoïd?
P.V. : Avec 70.000 albums en France,
Humanoïd s'est moins bien vendu que
Schrei et
Zimmer
483 avec 250.000 albums chacun. Leurs concerts, également,
attirent moins, même si
Bercy, mercredi, demeure très important
pour les fans. En mars dernier, leur concert marseillais a attiré
quelque 2500 personnes, pour 7 ou 8000, il y a deux ans, dans la même
ville.
Rock One fera un reportage sur le concert de
Bercy mais nous ne mettons plus les
Tokio Hotel en couverture.
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Bill Kaulitz, chanteur des Tokio Hotel |
TF1 News :
Pourquoi? P.V. : Nous continuons à
recevoir beaucoup de courrier sur
Tokio Hotel,
des groupes de fans font des opérations spéciales pendant les concerts
ou il y a encore des pétitions pour que
Tokio
Hotel passe dans telle ville et pas une autre. Nous nous
en faisons l'écho mais sans leur accorder de couverture car le groupe ne
fédère plus. Le critère numéro 1 pour qu'un groupe soit en couverture,
c'est qu'il pousse à l'achat en kiosque. On se focalise sur le groupe le
plus attendu des fans. Or, à la sortie du dernier album, on a bien
senti que les lecteurs n'avaient pas aimé le disque, que c'était le gros
retour de bâton, un gourdin, en fait. C'est la première fois que nous
avons vu un phénomène se dégonfler aussi vite.
TF1 News
: Humanoïd est-il moins efficace, musicalement?
P.V. : Je ne pense pas que l'album ait pêché, en termes de musique, même si
les fans désiraient peut-être quelque chose de plus rock, de plus
généreux. Les fans nous disent : "
Ce n'est plus comme avant", "
Ils
sont moins disponibles pour les fans" ou "
Trop de gens les
aiment", en particulier quand il s'agit des plus jeunes.
TF1
News : Une question de générations entre-t-elle en jeu?
P.V. : Quand une fille de 16 ans voit sa petite sœur de 8 ans s'intéresser
au même groupe qu'elle, il y a des chances qu'elle s'en lasse très vite.
Au fur et à mesure que le succès du groupe a grandi, un phénomène de
rejet s'est installé. D'autre part, les sœurs des fans n'ont pas pris le
relais avec le dernier album de
Tokio Hotel.
TF1 News : Les Tokio Hotel sont-ils complètement "
out", ou encore "
in"?
P.V. : Entre 2006 et 2008, ils étaient "
in".
Ils commencent à être "
out" mais ils pourraient redevenir "
in"
très vite, les groupes ayant des courbes d'amour qui ressemblent à des
sinusoïdales. Et s'ils ont des creux, n'oublions pas que ces creux
peuvent apparaitre comme des sommets pour bien d'autres groupes.
source: http://lci.tf1.fr/people/tokio-hotel-le-retour-de-gourdin-5811375.html